Ecouter It’s a fire : https://youtu.be/ZKZCIeGDsmU
C’est au début des années 90, dans une agence pour l’emploi de la région de Bristol (Somerset, Royaume-Uni) que le DJ Geoff Barrow et la chanteuse Beth Gibbons se seraient rencontré. Ils décident alors de former un groupe avec le guitariste Adrian Utley, et choisissent comme nom celui de la ville côtière proche de Bristol où a grandit Geoff Barrow : Portishead. Peu de temps avant, ce dernier avait été stagiaire au Coach House Studio pour l’enregistrement de l’album Blue lines de Massive attack.
C’est durant l’été 1994 que sort le premier album de Portishead : Dummy, chez Go Discs Records (la veille du jour de la sortie de Grace de Jeff Buckley !). C’est un succès commercial et le groupe reçoit en 1995 le Mercury Music Prize, qui sera aussi attribué à Oasis, Blur et PJ Harvey.
Album culte des années 90 et du style Trip-hop, cette musique incorpore des rythmes hip-hop (tournes de batterie, lignes de basse, scratch et samples) avec d’autres sons plus « instrumentaux » (guitare, orgue jazz, ensemble de cordes…).
Un 2ème album sort en 1997, ainsi qu’un live (Roseland NYC Live). Cependant les membres du groupe commencent alors à se sentir « épuisés par l'industrie du disque ». « Nous avions l'impression d'avoir exprimé tout ce que nous avions à dire», confie Geoff Barrow, qui décide de partir quelques années en Australie.
C’est sans doute pour cette raison que la chanteuse Beth Gibbons enregistre un album sans le groupe au début des années 2000, Out of Season, sorti en 2002, avec l’aide de Paul Webb (bassiste de Talk Talk).
Quand à Geoff Barrow, il réalise que même si "publier un disque représentait au départ un rêve inaccessible, quelques années après Dummy, je me suis aperçu que plusieurs producteurs de hip-hop, parmi ceux que j'admirais le plus comme DJ Premier, RZA, Timbaland ou Missy Elliott, avaient samplé des titres de Portishead. C'est comme si j'avais bouclé une boucle."
Puis il ajoute qu’"en Australie, j'ai rencontré un jeune DJ qui m'a fait découvrir les sons de groupes heavy metal très extrêmes comme Sunn O, une musique lente, lourde glaciale aussi surnommée "drone rock". En écoutant cette musique radicale, j'ai retrouvé les mêmes sensations que quand je découvrais le hip-hop de Public Enemy. Cela m'a donné envie d'aller de l'avant".
Ce n’est qu’en 2008 qu’un nouvel album de Portishead verra le jour : Third, inspiré de ce nouveau rock industriel et de ses pionniers comme Kraftwerk, Silver apples, Cabaret voltaire…
Comme l’explique le guitariste Adrian Utley :"Notre processus créatif est très douloureux. Nous ne nous retrouvons pas en gratouillant nos instruments pour trouver l'inspiration. Nous devons réfléchir à un monde, élaborer un univers pour faire exister notre musique. Cela demande des heures de discussion en studio, où nous confions nos frustrations, nos angoisses par rapport à la société, à la façon dont les êtres humains sont conditionnés. Si notre musique est plus sombre, c'est sans doute que l'époque l'est aussi."
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